Motion pour le CA du jeudi 8 février 2024 au collège Gambetta de Saint-Etienne

Motion pour le CA du jeudi 8 février 2024
Les enseignants et parents du collège Gambetta dénoncent et refusent la mise en
œuvre des groupes de niveau pour la rentrée 2024
M. Attal, ancien ministre de l’éducation, et Mme Oudéa-Castéra, sa successeure,
cherchent, malgré l’opposition des organisations syndicales, à imposer pour la rentrée
2024 le tri des élèves de 6e et de 5e en fonction de leur « niveau » en mathématiques et en
français. Exit donc les classes dans ces matières, et place à un regroupement à partir des
résultats aux évaluations nationales. Il y aura les « forts », les « moyens », les
« faibles ».
Cette réforme fait suite à un rapport Pisa1 qui établit une baisse du niveau en français et
en mathématiques des élèves. Le gouvernement choisit une solution que rejette la
recherche, et qui menace d’aggraver les inégalités scolaires et sociales déjà pointées du
doigt par ce même rapport. La France est ainsi l’un des 6 pays de l’OCDE où l’origine
sociale pèse le plus sur les résultats des élèves.
La solution des groupes de niveau est stigmatisante pour les élèves à besoin. Elle
sera un choc psychologique pour eux/elles et cassera toute l’émulation possible dans les
classes hétérogènes. Elle menace également de concentrer dans les groupes
« faibles » les élèves en situation de handicap et les élèves non-francophones,
rendant impossible toute inclusion véritable et facilitant des économies sur leur
accompagnement individualisé.
Le niveau général ne peut qu’en souffrir : le maigre bénéfice que pourraient tirer les
élèves en réussite de cette séparation ne saurait compenser l’abaissement des exigences
et du niveau pour les élèves les plus en difficulté. On ne croise pas que la division
euclidienne ou l’accord du participe passé dans un cours : l’apprentissage de l’entraide, de
la coopération et du respect de l’autre sont également centraux. Ces valeurs de vivre-
ensemble sont aujourd’hui mises en péril par l’organisation qu’on veut nous imposer.
Ce « tous perdants » est encore accentué par les moyens alloués pour mettre en
place la réforme. 15 élèves pour les groupes « en difficulté » ; jusqu’à 30 pour les
groupes « en réussite » : ces effectifs sont en réalité trop nombreux pour permettre des
apprentissages dans des conditions satisfaisantes. Les solutions existent pourtant :
groupes hétérogènes réduits, petits groupes ponctuels pour approfondir une notion,
présence d’un enseignant supplémentaire dans une classe...mais cela nécessite une
ambition et des moyens pour l’école publique sans commune mesure avec ce qui est
envisagé aujourd’hui.
Dans notre établissement, les conséquences de cette réforme à marche forcée et
menée à moyens constants seraient catastrophiques pour nos élèves et les
conditions de travail de l’équipe enseignante. Parce que le ministère se refuse à une
augmentation conséquente des moyens, c’est en détruisant ce qui existe actuellement
qu’on construit les groupes de niveau.
Les moyens proposés entraîneraient la disparition quasi-généralisée de l’AP
(accompagnement personnalisé) en demi-groupes, son maintien ne pouvant s’envisager
qu’en supprimant des options ou par un recours encore accru aux heures
supplémentaires. Pour la majorité des élèves, il n’y aura ainsi plus d’heures en effectifs
1 Programme International pour le suivi des acquis des élèves
réduits dans de nombreuses matières. Les ouvertures de postes insuffisantes feraient
reposer sur une équipe déjà particulièrement mobilisée une charge de travail impossible à
répartir, rendant plus difficile encore l’accompagnement individualisé des élèves et la mise
en œuvre de projets.
Nous sommes mis en face de choix impossibles et inacceptables et ce sont nos élèves qui
vont en dernier recours pâtir de cette situation.
Nous croyons en l’école publique pour toutes et tous. Nous ne nous résignons pas
à ce collège du tri social et scolaire.
Ces mesures et ces moyens sont indignes de ce que nous voulons pour nos élèves, à
Gambetta comme dans l’ensemble des établissements du pays. Nous refusons la
réforme « choc des savoirs » et appelons les parents d’élève à rejoindre l’équipe
éducative dans ce refus afin de gagner de véritables solutions pour l’ensemble de
nos élèves.