La zone euro continue à se rapprocher du gouffre. Menées au nom de l’impératif de « rassurer les marchés » pour financer les dettes publiques, les politiques de libéralisation économique et d’austérité enfoncent en réalité l’Europe dans le chaos social et l’impuissance écologique. La ratification du Pacte budgétaire serait un pas de plus vers la destruction européenne. Le Parlement français s’apprête pourtant à le ratifier, Hollande affirmant avoir « réorienté l’Europe » avec l’accord sur un « pacte de croissance » d’une portée pourtant très faible. En période de récession et au risque de l’aggraver, la France persiste dans une stratégie de réduction à marche forcée des dépenses publiques, empêchant toute possibilité de transformation écologique et sociale. Dans ce contexte, le gouvernement souhaite minimiser le débat public sur les politiques européennes d’austérité par une ratification rapide du Pacte dès la rentrée.
La soi-disant « règle d’or » stipule que l’État ne doit pas dépenser plus que ce qu’il ne gagne. Pour réduire le déficit, les gouvernements disposent d’une autre option : augmenter réellement les impôts sur les riches et répartir autrement les richesses. L’objectif même de la règle d’or – le déficit zéro – n’a aucune justification économique. La « règle d’or » n’est pas une règle économique mais purement idéologique, un ultra-libéralisme qui vise à ôter à l’État toute marge de manœuvre. Le cercle vicieux de l’austérité - austérité, récession, déficits, dette, austérité… - peut avoir des conséquences politiques imprévisibles en Europe. Ce nouveau traité renforce considérablement les pouvoirs des instances européennes non élu-e-s au détriment des Parlements. Le Conseil Constitutionnel, en dispensant le gouvernement de réformer la Constitution, a préféré fermer les yeux sur ce transfert de souveraineté. Et le Pacte budgétaire prévoit que la règle d’or ne puisse être remise en cause.
Un rejet du Pacte par la France serait un signal décisif pour enclencher une dynamique de refondation démocratique de la construction européenne.Ce rejet est la condition pour qu’un rapport de force change en faveur du monde du travail et des populations.Le gouvernement français justifierait l’ensemble des politiques d’austérité à venir par le cadre contraignant créé par ce nouveau traité européen.Une grande campagne unitaire se met en route.Elle ne pourra se développer à la hauteur de l’enjeu sans l’implication de tou-te-s.