SUD appelle à faire échec à l’opération ministérielle des évaluations, mais aussi à toute pression de la part de la hiérarchie pour forcer les enseignants à y participer. Les différents problèmes dénoncés par la communauté éducative l’an dernier concernant les évaluations nationales CM2 [1] et CE1 [2] subsistent :
Elles ne permettent pas de diagnostiquer les difficultés des élèves : décalage entre le développement cognitif des élèves de CE1 et les compétences évaluées, codage sur certains points encore binaire et de toute façon réducteur.
Elles incitent les enseignants à centrer le travail en classe sur une pratique de bachotage et la recherche de résultats quantitatifs à tout prix privant de fait les élèves des autres savoirs à enseigner.
Elles servent à légitimer les dispositifs d’aide individualisée (stage de remise à niveau, aide personnalisée) largement contestés par la profession et qui montrent leurs limites.
Elles permettent à l’administration de piloter les RASED en fonction de la comparaison des résultats entre les écoles d’un même secteur et légitimer ainsi leur disparition à terme.
Elles conditionnent les enseignants à favoriser des pratiques qui ne relèvent pas de la pédagogie mais de la loterie par l’utilisation abusive de leurs résultats via le Livret Personnel de Compétences.
Elles contribuent à la standardisation pédagogique de nos pratiques de classe et restreignent encore un peu plus notre liberté pédagogique.
A terme, la conservation des résultats nominaux sur base informatique, associée à la mise en place du Livret Personnel de Compétences, outils tout aussi dangereux que les évaluations elles-mêmes, participera au fichage des élèves durant leur scolarité, et même au-delà.
Le versement de la prime de 400 euros divise les personnels et instaure une individualisation générale des salaires que nous combattons et qui va à l’encontre de l’égalité de traitement.
Elles déshumanisent notre relation pédagogique avec l’élève en le plaçant dans une position de stress inacceptable pour des enfants de cet âge du fait de l’application d’un protocole rigide.
Elles permettront à terme de transformer l’école en une vulgaire marchandise comme le soulignait dans son rapport de juillet dernier, l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale qui annonçait la prochaine étape : « demander aux écoles des objectifs chiffrés d’amélioration des résultats ».
Ce pilotage par l’évaluation fait peser une menace lourde sur le système éducatif, en instaurant un outil de mesure des résultats qui va permettre une concurrence entre les élèves, les personnels et les écoles. Avec la disparition de la carte scolaire, il contribue à terme, à la transformation de l’école en un vaste marché.
Les enseignants ont le choix de défendre une autre école, non soumise à une logique marchande qui fera de nous de simples VRP. N’acceptons plus ENSEMBLE des non choix pédagogiques, refusons ces évaluations. Nous appelons tous nos collègues à ne pas transmettre les résultats à l’administration. Nous invitons l’ensemble de l’équipe pédagogique via le conseil des maîtres à porter d’une même voix ce refus. N’hésitez pas à contacter SUD éducation pour des modalités pratiques.
SUD éducation Loire, appelle les équipes enseignantes à s’organiser collectivement pour refuser les évaluations CE1 par tous les moyens : organisation du boycott, non-transmission des résultats à l’administration, évaluation des seules compétences réellement travaillées en classe, grève (un préavis a été déposé par la Fédération SUD éducation)...