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Article mis en ligne le 10 septembre 2010 et actualisé le 13 septembre 2010
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Il n’y a pas de « problème des retraites »

Il y a l’urgence d’une autre répartition des richesses !

L’attitude SUD 47, le Journal de SUD éducation Loire

L’âge moyen de « départ à la retraite » est celui auquel on fait valoir son droit à pension. Ce qui est important, c’est l’âge de cessation d’activité. L’âge moyen de cessation d’activité est de 58,8 ans, et six salarié e s sur dix sont hors emploi au moment de liquider leur retraite. Très souvent, les salarié e s ayant eu une carrière courte et/ou heurtée, en particulier les femmes, liquident leur retraite à 65 ans pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein sans décote, alors même qu’ils et elles sont déjà hors du marché du travail.

Reporter l’âge légal de la retraite au-delà de 60 ans aurait une double conséquence : les systèmes de chômage ou de préretraites vont devoir financer en plus ce que les systèmes de retraite financeront en moins, et en parallèle, la période hors emploi avant l’âge de départ en retraite s’allongera pour beaucoup, avec des ressources dérisoires ou nulles.

L’augmentation de l’espérance de vie n’est pas nouvelle, elle n’a pas empêché que le temps passé au travail dans une vie baisse en parallèle.

De plus, l’espérance de vie « en bonne santé », c’est-à-dire sans incapacité, est beaucoup plus faible que l’espérance de vie. Enfin, les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie active et de nombreux-ses salarié e s, dont une majorité de femmes, ont des carrières discontinues et n’arrivent déjà pas à réunir le nombre d’annuités demandé, alors même que les entreprises se débarrassent des salariés âgés. L’augmentation de la durée de cotisation ou le report de l’âge légal de départ à la retraite se traduirait en pratique par une pension réduite pour le plus grand nombre.

Pour que les jeunes puissent payer les pensions des retraité e s, il faut qu’ils/elles ne soient pas au chômage et donc que les salarié e s âgé e s laissent leur place sur le marché du travail aux nouvelles généra-tions. La retraite par répartition repose sur un contrat implicite : la génération qui travaille a bénéficié du travail de la génération précédente dont elle prend en charge les retraites. Le moment de la retraite venue, elle sera prise en charge à son tour. La création de richesse est partagée entre actifs et retraités.
Le mode de calcul de la retraite est différent dans le privé et dans le public, mais cela aboutit à un résultat similaire.

Dans le secteur privé, elle est calculée sur les 25 meilleures années et les primes sont prises en compte. Dans le public, c’est le salaire des 6 derniers mois, mais les primes ne sont pas prises en compte et la retraite complé-mentaire n’est pas de même niveau que dans le secteur privé. En définitive, comme le note l’Observatoire des retraites, « à statut comparable, les retraites sont à peu près équivalentes dans le public et le privé ».

Les projections démographiques ne sont pas des vérités scientifiques et sont basées sur des hypothèses concernant plusieurs paramètres (fécondité, chômage, taux d’activité des hommes et des femmes, etc.). Déjà, depuis quelques années, les projections ont beaucoup varié. Les dernières prévisions de l’Insee font maintenant apparaître une augmentation de la population active jusqu’en 2015 puis une stabilisation par la suite : rien ne jus-tifie de projeter, dans la tranche de 25 à 45 ans, un taux d’emploi des femmes inférieur de 15 points à celui des hommes. De fortes marges de manœuvre existent pourtant dans ce domaine pour retrouver le même ratio retrai-tés/actifs qu’en 1970, donc sans aucune dégradation.

Le besoin supplémentaire de financement nécessaire aux retraites est réalisable puisqu’il a été chiffré en 2007 par le COR entre 1 et 2 points de PIB jusqu’en 2050, à comparer avec la chute de la part de la masse salariale de 8 points au cours des dernières décennies et avec l’explosion correspondante des dividendes, qui sont passés de 3,2 % du PIB en 1982 à 8,5 % en 2007. Il est donc juste d’augmenter la part des salaires et des pensions dans la richesse produite en s’attaquant aux profits. Le financement des retraites est possible à condition d’en finir avec l’actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers et cela sans nuire à la compétitivité des entreprises.

Fonder le financement des retraites sur le partage des gains de productivité ne signifie pas que l’on mise sur une croissance économique forte. Quels que soient les gains de productivité futurs, ils devront être partagés entre un niveau de vie correct pour tou te s, actif ve s comme retraité e s, la satisfaction de nouveaux besoins sociaux et la diminution du temps de travail.
Les femmes sont pénalisées dans leur carrière, ce sont très majoritairement elles qui prennent en charge les enfants et la gestion du foyer : elles s’interrompent ou travaillent à temps partiel. Même en intégrant les dispositifs familiaux actuels, leur retraite est en moyenne inférieure de 40 % à celles des hommes : ils sont donc encore aujourd’hui essentiels pour réduire les inégalités de pension entre femmes et hommes. Pourtant, le droit communautaire européen remet ponctuellement en cause l’existence de tels dispositifs. C’est une incohérence, puisqu’il reconnaît par ailleurs la notion de discrimination indirecte, c’est-à-dire la légitimité à donner un avantage particulier dès lors que celui-ci permet de réduire des inégalités sociales ou de sexe. Il est impossible de se réclamer du principe d’égalité pour augmenter les inégalités.


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