Le projet de « loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure »
(dite « LOPPSI 2 ») vient d’être adopté aujourd’hui en deuxième lecture au sénat.
La LOPPSI 2 relaie un discours politique belliqueux : répression, exclusion, stigmatisation, suspicion.
Cet énième fatras sécuritaire prévoit d’abord d’étendre considérablement les dispositifs de fichage et de
vidéosurveillance (désormais appelée « vidéoprotection »). Non contente de reconduire les fichiers de
police et de gendarmerie actuels (STIC et JUDEX) – pourtant détournés de leurs objectifs initiaux,
truffés d’erreurs, incontrôlables et, de fait, incontrôlés – la loi va à les interconnecter et à les étendre.
Les données relatives à un suspect innocenté ne seront pas systématiquement effacées : pourront donc
être maintenues dans ces fichiers dits « d’antécédents » des personnes qui, en réalité, n’en auront pas !
Les autorités pourront placer des dispositifs de vidéosurveillance pratiquement partout sur la voie
publique ; toutes les entreprises privées pourront installer des caméras aux abords de leurs
établissements ; les préfets pourront faire de même le long du parcours des manifestations.
Le projet comporte aussi, bien sûr, un imposant volet répressif. Ainsi, en guise de « réponse » aux
difficultés de certaines familles, ses rédacteurs ont imaginé un « couvre-feu » pour les mineurs de
moins de 13 ans, un nouveau « contrat de responsabilité parentale » – qui renforcera la marginalisation
de certains parents – et une procédure proche de la comparution immédiate devant le tribunal pour
enfants – qui achèvera d’aligner la justice des mineurs sur celle des majeurs, devançant ainsi le débat
public sur la réforme prévue de l’ordonnance de 45.
Enfin, ce projet confie à l’autorité administrative de nouveaux pouvoirs d’atteinte aux libertés
individuelles en dehors de tout contrôle judiciaire : filtrage des sites Internet, dépistages contraints,
expulsion en 48h des squatters et des occupants d’habitations hors normes tels que campements,
bidonvilles, mobil-homes, maisons sans permis de construire ou habitats choisis (yourtes, tipis,
cabanes…) et destruction des biens, délit de vente à la sauvette….
Comme les précédents, ce texte s’annonce inefficace du point de vue des fins qu’il prétend atteindre,
mais très efficace au regard de ses fins réelles : il nous prépare une société du Contrôle, fondée sur une
stratégie de la tension particulièrement nette dans le discours guerrier prononcé le 30 juillet dernier par
le chef de l’Etat à Grenoble.
L’Union Syndicale Solidaires refuse la société sécuritaire, basée sur la peur et la suspicion que veut
nous imposer ce gouvernement ! Nous appelons l’ensemble des citoyens à résister contre l’application
des mesures liberticides contenues dans cette loi.
Dès aujourd’hui, rassemblons nous dans toutes les villes et à Paris à 18h
devant le Sénat pour manifester notre exigence du retrait de cette loi.