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Article mis en ligne le 18 janvier 2011
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La lutte contre la réforme des retraites : quel bilan ? Quels enseignements ?

Une mobilisation exceptionnelle. Le mouvement contre la réforme des retraites à l’automne 2010 aura pris une ampleur depuis longtemps inégalée ; on l’a comparé aux grèves de 1995, voire à Mai 68, c’est dire ! Un premier bilan provisoire a été tiré par l’Union syndicale Solidaires, dont Sud éducation fait partie (vous pouvez le télécharger ici->http://www.solidaires.org/IMG/pdf/TRACT_SOLIDAIRES_DEFINITIF-_pdf.pdf]). En complément à cette analyse générale, il nous paraît nécessaire de revenir sur ce qui s’est passé dans le secteur de l’éducation et localement.

Une vraie dynamique de lutte, mais avortée

Dès le printemps 2010 Sud éducation Loire a montré sa détermination à s’opposer au projet du gouvernement, en informant les personnels sur le contenu de cette contre-réforme, en participant aux journées unitaires de mobilisation, en expliquant la nécessité d’un affrontement majeur avec le gouvernement pour gagner, en s’associant, en tant que membre de Solidaires, à l’appel initié par ATTAC et Copernic « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites », qui a organisé un meeting unitaire et des « lundis au soleil » pour sensibiliser et mobiliser l’ensemble de la population. Ce collectif regroupait des associations, des organisations politiques, la FSU et Solidaires, seules organisations syndicales à s’y impliquer.

Cette phase d’information et de construction de la mobilisation était indispensable. Le travail d’explication auprès des salarié-e-s et de l’ensemble de la population,
a permis de faire entendre l’exigence d’un véritable partage des richesses en même temps que le rejet de cette réforme inique.

La journée de grève et de manifestations du 7 septembre avait valeur de test. L’unité syndicale la plus large était réalisée (FO ayant renoncé à poursuivre comme en juin ses appels à des mobilisations séparées des autres). Par son ampleur sans précédent à Saint-Etienne comme ailleurs, elle a montré que la réforme était très largement rejetée et que les gens étaient prêts à se battre. L’amplification de la mobilisation le 23 septembre a poussé l’intersyndicale à accélérer enfin le calendrier : le 2 octobre, puis le 12, le 16 et le 19, la lutte est montée en puissance.

Pour faire céder Sarkozy, les organisations syndicales nationales pouvaient appeler au blocage du pays par la grève générale reconductible !

Depuis le début, Solidaires a expliqué qu’une série de grèves de 24h ne suffirait pas, qu’il faudrait frapper le patronat à la caisse, bloquer l’économie. Ce sentiment a été partagé par de nombreux syndicalistes d’autres organisations, comme les grèves reconductibles dans certains secteurs l’ont montré, en attente de généralisation. Malgré les propositions de Solidaires, mi-octobre l’intersyndicale a participé à l’enterrement du mouvement, en abandonnant les salarié-e-s en reconduction au lieu de poursuivre l’accélération.

Dans l’Éducation Nationale, une mobilisation décevante, une intersyndicale défaillante

Si la participation des personnels de l’éducation à la grève et aux manifestations a été correcte lors des grandes journées d’action, la grève reconductible a été très minoritaire dans notre secteur. L’absence d’appel intersyndical en ce sens n’y est pas pour rien, et la trop faible participation des collègues aux assemblées générales n’a pas permis de dépasser cette situation.

Le SE-UNSA et le SGEN-CFDT, engagés depuis longtemps avec leur structure interprofessionnelle dans un syndicalisme d’accompagnement plutôt que de lutte, se sont contentés de relayer les appels aux journées d’action, sans jamais proposer un horizon de victoire sur le terrain de la lutte. Le réactionnaire SNALC-CSEN n’a pas proposé grand-chose (à part signer des communiqués communs avec la fédération FO de l’éducation, pour sceller leur alliance aux prochaines élections professionnelles d’octobre 2011). Rien de surprenant dans tout cela.

La FSU, pour sa part, a eu du mal à faire entendre une orientation claire : si elle a soutenu dans les intersyndicales interprofessionnelles nationales des journées d’action rapprochée, elle n’a jamais expliqué aux salarié-e-s du secteur l’utilité et la nécessité d’une grève reconductible, à laquelle elle n’a jamais appelé. La FSU s’est retrouvée partagée entre les orientations du Snuipp, qui à sa manière et sans grande conviction a fini par s’inscrire dans la perspective de la reconduction, et le Snes qui n’y a jamais appelé.

Les fédérations de l’éducation FO, CGT et SUD ont porté des appels à la reconduction de la grève. Pourtant, malgré la proposition de SUD, il n’y aura eu aucun appel intersyndical national à la reconduction, même partiellement unitaire. Nous pensons que cela aurait utile, et que la FSU porte une responsabilité importante à cet égard.

Et dans la Loire ?

Sud éducation Loire a proposé à l’intersyndicale éducation la tenue d’Assemblées générales éducation pendant toute la durée du mouvement. Sud éducation Loire a été la seule organisation à dire que les AG sont décisionnelles : les autres syndicats sont dans une autre logique.

La première AG, le 23 septembre (lancée conjointement par la FSU, SUD, FO, la CGT et le SNETAA) votait plusieurs motions : la nécessité d’une « grève reconductible interprofessionnelle », un appel à des réunions « dans les établissements ou secteurs pour discuter et mettre au vote les propositions de l’AG », un appel aux organisations syndicales lycéennes et étudiantes.

SUD éducation Loire avait, à la hauteur de ses possibilités, tout fait pour que cette assemblée réunisse le maximum de collègues. Cependant, elle réunissait à peine 70 collègues, ce qui était sans doute trop peu pour pouvoir enclencher véritablement une dynamique. Dans le cadre d’une évolution que l’on a pu retrouver dans d’autres secteurs et un peu partout en France, ce sera le 12 octobre que l’AG, un peu plus fournie sans être massive, votera la reconduction de la grève (malgré l’opposition du SE-UNSA, du SGEN-CFDT, mais aussi du SNES-FSU, et de la CGT éducation de la Loire, en décalage malheureux avec sa fédération nationale). Celles et ceux qui voulaient gagner se sont engagé e s dans ce mouvement, et les jours suivants ont été forts d’échanges, de rencontres, de partage, pour diffuser l’appel à la reconduction.

Sur le terrain on a cependant pu constater que la mobilisation était extrêmement variable et globalement faible pour le secteur de l’éducation, dans la Loire comme un peu partout ailleurs : présence non négligeable mais pas massive dans les cortèges, appels à la grève reconductible très inégalement suivis. Les explications de cette faible implication, qui sera lourde de conséquences, restent discutées.

On a avancé le problème des déclarations préalables d’intention de grève pour le premier degré (Sud a diffusé un mode d’emploi pour résoudre cette difficulté et a regretté que l’ensemble des organisations ne prenne pas l’initiative de donner la consigne de passer outre le règlement), la crainte de l’application de l’arrêt Omont, la difficulté d’organiser des AG locales dans les écoles comme il s’en est tenu dans le second degré (les quelques tentatives d’AG de secteur n’ont pas débouché)...

Mais il semble surtout que trop de collègues n’aient pas cru à la possibilité de gagner : soit parce que le gouvernement ne pouvait prétendument pas être battu, soit parce que finalement, il n’y aurait pas vraiment d’alternative aux régressions sociales… Il était évident pour SUD Éducation que notre secteur ne pouvait être le fer de lance de cette bataille, mais tout aussi évident que la victoire ne pouvait venir que d’un mouvement général dans lequel les personnels de l’éducation devaient prendre toute leur place.

Les collègues doivent également savoir que dans ces situations, le gouvernement suit secteur par secteur l’état des mobilisations : la faiblesse de celle du personnel de l’éduction ne lui aura pas échappé. Ayant constaté la faible combativité du milieu, il se sent d’autant plus assuré dans sa volonté d’imposer de nouvelles régressions au service public d’éducation et à ses employé-e-s… A nous de le démentir.

L’intersecteurs : une expérience qui a de l’avenir

En l’absence d’assemblées générales interprofessionnelles organisées par l’intersyndicale, SUD Éducation Loire et Solidaires Loire ont été partie prenante de la coordination inter-secteurs qui s’est mise en place dès le jeudi 14 octobre : ce jour-là, 120 personnes se sont réunies à Saint-Étienne : salarié-e-s en grève de différents secteurs professionnels, du public et du privé, chômeurs, chômeuses, précaires, étudiant-e-s, lycéen-ne-s, retraité e-s, non syndiqué-e-s et syndiqué-e-s de diverses organisations, uni e s à la base sur l’idée qu’il fallait généraliser la grève et bloquer l’économie.. Durant tout le mouvement, comme cela s’est développé un peu partout en France, cette coordination a organisé des actions symboliques (comme « Le casse du siècle : la finance pille nos retraites ! » devant les banques, une « manif de droite », …) et des actions de blocage de l’économie (Centres de tri postaux du courrier aux entreprises, ZI, grande distribution…), et s’est associée à des actions proposées par d’autres. La coordination inter-secteurs de Saint-Etienne a toujours proposé des actions collectives et pacifiques. Lorsqu’une AG nationale des coordinations a été proposée, à Tours, la coordination stéphanoise y a participé.

De cette expérience, il ressort une volonté réelle d’auto-organisation des luttes : la nécessité de dépasser les corporatismes, de sortir des cadres traditionnels s’est imposée. Les actions menées en commun ont permis des échanges riches d’enseignements sur des réalités professionnelles variées mais qui ont pour point commun d’être marquées par les attaques du néolibéralisme. Nous saurons nous souvenir des contacts pris dans cette période pour les luttes à venir. La coordination poursuit des rencontres et des activités (www.intersecteurs.org).

C’est fini et pourtant…

Le mouvement s’est arrêté début novembre. Pourtant, au plus fort de la mobilisation, l’inquiétude du gouvernement et du MEDEF devenait visible, les secteurs en reconduction (raffineries, transports…) et les actions multiples de blocage commençant à peser sur les profits des actionnaires.

Des initiatives largement plus déterminées sont possibles, pour prolonger la combativité et les liens tissés lors des actions de ralentissement et de blocage de l’économie.

Pour gagner contre les mesures anti-sociales qui se poursuivent, il faudra relancer la mobilisation en organisant unitairement des interventions offensives. Il faut préparer le nécessaire affrontement central avec le gouvernement et le Medef.

Ce que nous venons de vivre, avec des millions de travailleurs/euses de ce pays, nous conforte dans l’idée qu’il faudra construire la grève générale pour gagner. Ce n’est pas un vœu pieux, ce peut être le projet d’un véritable syndicalisme de lutte et de confrontation sociale.


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