RÉFORME DES RETRAITES : PAS DE PROMULGATION, PAS D’APPLICATION
Le gouvernement fait passer en force sa contre-réforme des retraites à l’Assemblée nationale et au
Sénat. Au printemps 2010, il s’était livré à un simulacre de concertation avec les organisations
syndicales. À l’automne, il a bafoué les droits démocratiques les plus élémentaires. En même
temps, il méprise l’expression populaire qui s’est manifestée de façon croissante pour refuser sa
contre-réforme, profondément injuste, dont le but est de restreindre les dépenses sociales et les
dépenses publiques afin de satisfaire les exigences des marchés financiers. Il s’agit de faire payer
la crise aux catégories modestes, tout en poursuivant l’entreprise de démolition du système par
répartition pour faire la place à la capitalisation, aux assurances et à l’épargne privées.
Au fur et à mesure que les arguments du gouvernement, relayant à la lettre près ceux du Medef,
étaient décortiqués et retournés, la question des retraites a progressivement catalysé autour d’elle
le rejet des politiques économiques, sociales et antidémocratiques qui se soldent depuis tant
d’années par plus de chômage, plus de précarité et d’inégalités, plus de cadeaux aux plus riches et
des mesures répressives envers les étrangers ou les Français issus de l’immigration.
Le recul des deux âges de la retraite, l’allongement de la durée de cotisation, le refus de prendre en
compte la pénibilité de certains travaux, la double peine infligée aux femmes et aux plus précaires,
la casse de la médecine du travail, l’incitation à l’épargne retraite privée, la condamnation des
jeunes à galérer toute la vie sont les marques emblématiques d’une contre-réforme imposée avec
une détermination et un cynisme sans pareils. De plus, une nouvelle régression sociale est d’ores
et déjà programmée par le gouvernement avec l’annonce d’une « réforme systémique » qui serait
débattue en 2013.
L’entrée dans la lutte de la jeunesse apporte la preuve que l’ensemble de la société se sent
concerné par la dégradation progressive de la protection sociale et de l’emploi. À cette occasion, le
gouvernement et les médias qui lui sont acquis se sont livrés à une déformation systématique de
l’information, tandis que se reproduisent des actes de provocation et de brutalité de la part des
forces de police.
Devant l’obstination du gouvernement refusant d’entendre la voix de la rue, les mouvements de
grève dans les entreprises privées et le secteur public, le mouvement social ont franchi une étape.
En plus de grèves reconductibles dans certains secteurs, le blocage des dépôts de carburants et des
raffineries, les actions ponctuelles dans certains lieux de production et sur des infrastructures de
transport visent à faire céder le gouvernement en paralysant certains points névralgiques de
l’économie. Là encore, le gouvernement ne sait répondre que par la force, et même, au mépris de
la légalité, par des atteintes au droit de grève et des réquisitions que nous dénonçons avec force.
Le soutien majoritaire de la population au mouvement social témoigne de sa victoire sur le plan
idéologique. L’approbation du projet gouvernemental par le Parlement ne marque pas la fin de la
lutte contre cette contre-réforme.
Le Collectif national « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites », qui avait
contribué au printemps à lancer la bataille des idées, affirme sa détermination à continuer à lutter
contre la promulgation de la contre-réforme. Il apporte tout son soutien à l’installation d’une
bataille de grande ampleur pour empêcher sa promulgation et son application.
Dans ce but :
Il soutient les prochaines journées de mobilisation organisées par les organisations syndicales,
en particulier le 6 novembre, et appelle tous les citoyens à soutenir les grèves, les actions
multiformes organisées par les travailleurs localement et unitairement, dans les entreprises
privées et le secteur public, et par les assemblées générales interprofessionnelles ;
Il souligne l’importance du soutien financier pour permettre aux grévistes de tenir. Ce soutien a
une dimension de réelle solidarité, pas simplement de délégation de contestation. Les
initiatives pour l’organiser doivent se multiplier. Quelques adresses pour envoyer des chèques
sont disponibles sur http://petition.exigences-citoyennes-retraites.net/ ;
Il appelle tous les collectifs locaux à prendre des initiatives pour continuer à informer la
population et à exiger la non-application de la réforme. À cet égard, des actions qui mettent en
convergence les citoyens et les syndicalistes, des initiatives de désobéissance civile, des
actions en faveur de la gratuité pour les chômeurs et les précaires pourraient servir d’exemples
montrant que l’accroissement des inégalités promis par la réforme n’est pas inéluctable ;
Il engage tous les citoyens et les citoyennes à entreprendre l’élaboration de réponses
communes prenant le contre-pied de la régression sociale contenue dans la contre-réforme
gouvernementale. Le Collectif prendra sa place dans ce débat au travers d’un document faisant
état de grands axes pour une juste réforme des retraites ;
Il s’engage à poursuivre son travail d’information et de coordination des initiatives pour
contribuer au renforcement de l’unité des associations, syndicats et partis politiques, à laquelle
une fraction de plus en plus large de la population aspire pour mettre en échec un projet injuste
et antidémocratique.
Le gouvernement a cru mener une guerre-éclair. La résistance a toujours fini par l’emporter. Nous
menons une bataille dont l’enjeu embrasse toutes les générations. Les moins jeunes l’avaient senti
d’emblée, les plus jeunes l’ont à leur tour compris. La solidarité intergénérationnelle est déjà là,
dans les idées, dans la rue et dans la lutte.
Pour la retraite à 60 ans, pleine et entière, sans un an de plus, sans un euro de moins
TOUTES ET TOUS DANS LA RUE DANS LES MANIFESTATIONS SAMEDI 6 NOVEMBRE
ATTAC, Fondation Copernic, Solidaires, FSU, UNEF, AC !, APEIS, Marches
Européennes, Osons Le Féminisme, Femmes Egalité, CNDF, Résistance
Sociale, Europe Ecologie/Les Verts, MPEP, FASE, Gauche Unitaire, PCOF,
Les Alternatifs, Parti de Gauche, PCF, NPA, Démocratie et Socialisme