Denis Kessler (ancien n°2 du MEDEF) a lâché le morceau dès 2007 : « Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ! »
Gagner, c’est possible !
Députés et sénateurs ont voté. Cela rend-il ce texte moins scandaleux ? Bien sûr que non, l’accentuation des inégalités, l’allongement du temps de travail pour continuer d’enrichir patrons, banquiers et rentiers, cela demeure inacceptable.
Même promulguée, une loi peut ne jamais s’appliquer, comme on l’a vu par exemple pour le Contrat Première Embauche en 2006.
Notre participation aux manifestations de samedi est nécessaire et utile. Au-delà des effets médiatiques, le gouvernement et le patronat ne sont pas à leur avantage après la succession de manifestations réunissant des millions de personnes, et dans ce contexte de grève nationale interprofessionnelle entamée le 12 octobre, avec les nombreux blocages.
Grève reconductible ?
De nouvelles journées d’action isolées ne suffiront pas pour faire céder ce gouvernement.
Faute d’appel intersyndical suffisant, la grève reconductible interprofessionnelle n’a pas pris l’ampleur que l’enjeu exige. Et le mouvement a baissé d’un cran pendant les vacances, même s’il est loin de s’être éteint. Plusieurs Assemblées Générales de secteurs importants ont suspendu le mouvement en constatant et déplorant l’insuffisance du soutien intersyndical national à la grève.
Nous aurions été en meilleure position si Solidaires et la FSU avaient été suivis par l’intersyndicale dans nos demandes de soutien des actions en cours et d’un calendrier plus rapproché pour les étendre.
Même si nous regrettons qu’elle soit la seule organisation interprofessionnelle à le faire, l’Union syndicale Solidaires explique depuis le début de ce conflit que pour gagner il faut construire une grève générale, interprofessionnelle et reconductible.
C’est dans cette perspective que SUD éducation Loire a appelé à reconduire la grève à partir du 12, a relayé les décisions des assemblées générales, et s’est investi complètement dans ce mouvement. Sur les retraites, la grève des personnels de l’éducation prend son sens par son inscription dans un mouvement d’ensemble.
Être en grève, ce n’est pas seulement ne pas assurer son service : c’est aussi libérer son temps pour pouvoir se coordonner et agir, au côté des cheminot e s, des raffinier e s, des postier e s, des agents municipaux, des salarié-e-s du privé, des lycéen-ne-s, des étudiant e s... Les cheminot-e-s ne nous demandent pas tant une solidarité financière qu’un engagement dans la grève et dans l’action.
Nous ne savons pas si la grève interprofessionnelle reconductible va pouvoir rebondir après les vacances. C’est pourtant la seule méthode pour gagner. Les manifestations du samedi 6 auront valeur de test décisif. Si elles sont trop faibles, celles et ceux qui, côté gouvernemental, patronal, et malheureusement syndical, veulent aujourd’hui enterrer le conflit en profiteront. A l’inverse, des manifestations massives seront un point d’appui pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas baissé les bras.
Manifestons tou-te-s le 6, et réunissons-nous en assemblées générales dès la rentrée pour décider des suites. SUD éducation le réaffirme clairement : si la situation s’y prête, il faudra pour gagner un engagement massif dans la grève reconductible.
Agissons ensemble !
Depuis le 14 octobre, une coordination inter-secteurs regroupe des salarié-e-s en grève de différents secteurs professionnels, du public et du privé, des chômeurs, chômeuses, des précaires, des étudiant-e-s, des lycéen ne-s, des retraité‑e-s, des non syndiqué-e-s et des syndiqué-e-s de diverses organisations.
Nous sommes convaincu-e-s que nous devons agir tou-te-s ensemble pour que le mouvement interprofessionnel s’amplifie dans tout le pays par la grève générale, reconductible, et par le blocage de l’économie. La coordination inter-secteurs entend y contribuer, en organisant des actions collectives et pacifiques et en renforçant des initiatives existantes.
Cette coordination ne s’oppose en rien aux organisations syndicales et à leurs initiatives. Elle veut simplement offrir un espace d’expression et d’action à tous ceux et toutes celles qui ont envie d’agir ensemble, pour stopper cette nouvelle régression sociale. Vous êtes donc chaleureusement invité-e à y participer !
Le site : www.intersecteurs.org
Revoilà le MEDEF !
Depuis quelques jours, la grève et le mouvement social en cours obligent le Medef à sortir de son silence : Mme Parisot court de média en média pour dire à quel point tout ça coûte cher. Oui, notre action a des répercussions sur les marges de profit du patronat et, ça, il n’aime pas ! Que le MEDEF demande donc à ses amis de tirer le bilan de la révolte sociale en cours en abandonnant ce projet de loi ! Que le MEDEF s’énerve est la meilleure preuve que notre mobilisation est efficace !
Solidarité financière
Le soutien financier aux grévistes peut être adressé à Solidaires qui s’engage à rendre publiques les sommes récoltées et leur affectation. Envoyez vos chèques à l’ordre de l’Union syndicale Solidaires (en précisant « Solidarité grévistes retraites » au dos) à l’adresse :
Union Syndicale Solidaires
144 Bd de La Villette 75019 Paris
Ces gestes solidaires ne peuvent cependant remplacer l’engagement concret dans le mouvement, à travers la grève, les manifestations, les actions (nous savons que beaucoup ne sont pas en situation de faire grève).
Issue de secours ?
La CFDT et le patronat avec l’appui du gouvernement proposent « une négociation sur l’emploi des jeunes et l’emploi des séniors »… Voilà une formulation bien creuse dont la motivation principale est de faire croire que le dossier Retraites est clos.
Avec toutes celles et tous ceux qui luttent pour une autre répartition des richesses, contre la régression sociale pour les générations futures, nous refusons de chercher aujourd’hui une issue de secours pour s’y engouffrer avec le patronat, comme si nous étions coresponsables de la situation !
Solidaires est disponible pour négocier sur la base des revendications des grévistes (abrogation des contreréformes de 1993, 2003, 2007, diminution et compensation de la pénibilité, amélioration des conditions de travail, etc.), pas pour des réunions destinées à enterrer le mouvement populaire en cours.
Une « réforme » peut en cacher une autre !
Le Sénat vient d’adopter le projet de loi sur les retraites. Non content de bafouer ainsi nos concitoyens qui y sont massivement hostiles, le Sénat y a ajouté en catimini, en pleine nuit, un amendement prévoyant de « réfléchir » en 2013 à « une ré-forme systémique » du système de retraite, c’est-à-dire à la mise en place d’une réforme par points ou par comptes notionnels. Alors que le gouvernement ne cesse de nous répéter que sa présente réforme devrait résoudre le problème des re-traites, il en prépare déjà une autre.
Quel aveu !
Dans un système par points ou par comptes notionnels, le calcul de la retraite ne se fait pas sur les meilleures années mais sur l’ensemble de la carrière, ce qui aboutit automatiquement à une baisse du niveau des pensions. Un système par points permet aussi de faire baisser le montant des pensions en jouant sur la valeur du point. Un système à comptes notionnels introduit de plus l’espérance de vie dans le calcul de la pension. Plus l’espérance de vie augmente, plus la pension baisse. Enfin, ces systèmes ne sont pas construits pour intégrer les mécanismes de solidarité mis en place pour corriger certaines inégalités, notamment envers les personnes, essentiellement des femmes, assurant des responsabilités familiales. Le Conseil d’orientation des retraites (COR), dans son rapport de janvier 2010, avait d’ailleurs indiqué que, non seulement, ces systèmes étaient incapables de répondre aux problèmes démographiques, mais que leur mise en place provoquerait une baisse de 20 % du niveau des pensions.
Enfin, il s’agit d’une individualisation de la retraite poussée au maximum, chacun pouvant, théoriquement, partir à l’âge qu’il veut à condition d’en payer le prix. Sous le vocable du libre choix se cache une aggravation considérable des inégalités. Les salariés les moins bien payés auront tendance à vouloir travailler plus longtemps pour avoir une meilleure retraite. Ils auront ainsi une double peine, des petits salaires et une durée de retraite encore plus courte… à moins que le patronat, comme c’est le cas aujourd’hui, continue de se débarrasser des salariés âgés bien avant 60 ans.
De tels projets constitueraient donc une régression sociale qui prolongerait celle que le gouvernement actuel tente d’imposer aux salariés. Une raison de plus de le mettre en échec.
Communiqué de l’Union syndicale Solidaires du 25 octobre 2010
S’informer, c’est essentiel !
Alors que tous les jours les médias annoncent la fin du mouvement, il est essentiel de s’informer sur la réalité des mobilisations et de se tenir au courant des rendez-vous. L’Union syndicale Solidaires édite chaque jour un bulletin d’information sur la lutte en cours. Le site de SUD éducation Loire est actualisé tous les jours pendant cette lutte. Vous pouvez le visiter régulièrement. Mieux, vous pouvez vous abonner à notre lettre d’informations électroniques, hebdomadaire habituellement, quoti-dienne en ce moment.
Rendez-vous sur www.sudeducation42.org